Afin de livrer un éclairage sur la façon d’aborder les attentats avec ses enfants, nous avons demandé à Isabelle Filliozat psychologue spécialiste de la relation parents-enfants et de la parentalité positive, auteure notamment de J’ai tout essayé ! et Il me cherche ! * de nous apporter son expertise.
Est-il important de parler des attentats avec ses enfants ?
Oui absolument important et nécessaire de parler de tout ça avec ses enfants. Sauf si l’on vit sur une île ou en pleine campagne, et encore car c’est un événement qui secoue le monde et donc forcément les enfants perçoivent le stress ambiant. Et comme ils perçoivent ce stress, ils ont absolument besoin de pouvoir en parler et de pouvoir comprendre ce qu’il se passe.
Comment est-ce qu’on met en place le dialogue avec les enfants ?
Je pense que les enfants en parlent spontanément, car nous ne sommes plus dans les premiers jours. La plupart d’entre eux en ont entendu parler qu’ils soient petits ou grands et donc ils vont en parler spontanément. Nous n’avons pas forcément besoin de provoquer quelque chose mais nous allons avoir envie de regarder les informations donc au moment où nous regardons ils entendent, bien qu’il faille les préserver des images qui sont très traumatiques.
Est-ce qu’il faut répondre à toutes les questions que les enfants posent ?
Oui car si nous occultons certaines questions, cela va inquiéter l’enfant. Donc oui nous répondons bien sûr à absolument toutes les questions. Maintenant ce n’est pas forcément nécessaire de « répondre » au sens littéral, de manière générale les enfants posent des questions pour dire quelque chose. Donc au lieu de se précipiter à répondre, on va d’abord écouter. Quand un enfant pose une question, on va lui demander « qu’est-ce que tu te dis dans ta tête ? Comment tu imagines ça ? » de manière à ce qu’il puisse nous dire ce qu’il y a en dessous de sa question. Parce que les enfants vont continuer à poser et reposer des questions, sans arrêt la même parce qu’en réalité, ils n’ont pas eu la réponse à la question qui était en dessous des mots. Rappelons-nous que les enfants n’ont pas encore l’aisance verbale que nous avons, et souvent ils formulent une question en mettant « pourquoi » devant alors que ça n’est pas une question, c’est juste une façon de dire.
« Pourquoi ils ont tué tous ces gens ? » ne veut pas dire « je me demande vraiment pourquoi ils ont tué tous ces gens. » Cela veut dire « Tu te rends compte Maman, ils ont tué tous ces gens. »
Il faut nous-même poser des questions pour savoir ce qu’il y a derrière les questions des enfants. En leur demandant simplement ce qu’ils en pensent, ce qu’ils se disent dans leur tête etc.