Dans le cartable de votre enfant, il y a des dessins, des petits mots de la maîtresse, des gâteaux… mais aussi des poux, une angine, des gros mots, une veste inconnue, un jouet échangé et des habitudes inédites. Comment gérer toutes ces nouveautés ?
Alerte aux poux!
Ça y est, il y a un mot sur le panneau d’affichage : « attention, il y a des poux dans la classe de CP » et en examinant de près le crâne de votre enfant, vous distinguez les petits œufs blanchâtres annonciateurs de bains difficiles parfumés à la pyréthrine et de vastes lessives de draps.
Rassurez-vous, tous les enfants – mais aussi les adultes – peuvent attraper des poux, ils ne sont pas le signe d’une hygiène déficiente. Ces insectes de quelques millimètres de long vivent dans les cheveux et se nourrissent du sang de leur hôte en le piquant plusieurs fois par jour. Ce sont ces piqûres qui génèrent des démangeaisons. Les femelles pondent chaque jour une quinzaine de lentes et ce pendant un mois. Si l’on ne fait rien, les œufs éclosent au bout d’une semaine et les poux nouveau-nés entreprennent de se reproduire à leur tour. Il est donc urgent d’agir !
Un shampooing classique et un bon coup de peigne ne suffiront pas à les déloger car poux et lentes s’accrochent aux cheveux. Prenez donc la direction de la pharmacie et laissez-vous conseiller. La plupart des traitements nécessitent un temps de pose pendant lequel on peigne les cheveux avec un peigne aux dents très fines pour éliminer les lentes, puis une seconde application quelques jours plus tard. Ne vous en tenez pas là et passez à la machine les draps, taies d’oreiller, serviettes, vêtements et chapeaux de votre enfant, à 60°c de préférence. Désinfectez aussi son casque de vélo ainsi que les peignes et brosses de la maisonnée. Enfin, si les poux reviennent régulièrement chez vous, attachez les cheveux de votre enfant s’ils sont longs et faites-lui comprendre qu’il ne doit pas échanger barrettes, bonnets et doudous avec d’autres enfants. Une dernière chose : n’oubliez pas d’examiner vos cheveux à vous car, hélas, l’âge adulte ne constitue pas une barrière anti-poux.
Encore un rhume!
Après quinze jours de vacances, le rhume permanent de votre enfant a enfin disparu. Deux jours après la rentrée, c’est reparti, il a de nouveau le nez qui coule. Une vraie malédiction ! C’est que les petits n’ont pas toujours appris à mettre la main devant la bouche quand ils toussent et que les éternuements, postillons et crachouillis favorisent grandement la contagion. Outre l’inconfort qu’il génère, un rhume non traité peut évoluer vers quelque chose de beaucoup moins anodin.
La parade est simple : il suffit de nettoyer le nez de l’enfant avec de l’eau, du sérum physiologique ou une solution spécifique (Prorhinel, Stérimar, Sinomarin…) et ce, cinq ou six fois par jour. Certes, ce n’est pas toujours un grand moment de plaisir mais c’est le meilleur moyen d’humidifier et de désinfecter les muqueuses nasales. Evidemment, ces lavages doivent être accompagnés de mouchages à chaque fois que c’est nécessaire. Vous aurez donc tout intérêt à garnir le cartable de votre enfant d’une bonne provision de mouchoirs. A la maison, ne vous enfermez pas même s’il faut froid, aérez les pièces, disposez un humidificateur d’air dans la chambre des enfants – ou, encore plus simple, un bol d’eau –, surélevez éventuellement les pieds de son lit côté tête et faites attention au tabac.
Merde alors!
Vous avez bien entendu, c’est votre fils, ce délicieux enfant si bien élevé qui vient de lâcher un m…, un p…, un b…. Un vocabulaire forcément appris à l’école vu que vous faites des efforts considérables à la maison pour ne plus dire que flûte ou saperlipopette. Enfin… la plupart du temps. Du coup, vous vous retrouvez un peu en porte-à-faux lorsqu’il s’agit de faire la leçon à un petit garçon qui vous a entendus jurer comme des charretiers la veille, lorsque la machine à laver a inondé la salle de bain.
La seule interdiction des gros mots en fait une sorte de gourmandise pour l’enfant et renforce leur pouvoir d’attraction, surtout s’il traverse cet avant-goût de l’adolescence qui se situe vers 3-4 ans et où il teste systématiquement les limites qui lui sont imposées. Si, en plus, un CM2 tout auréolé de son prestige de « grand », s’amuse à lâcher des bordées de jurons dans la cour de récréation, nul doute que votre enfant sera tenté de l’imiter.
Dans un premier temps, il faut expliquer : que ce sont des mots laids, qui rendent laid et qui peuvent faire mal lorsqu’on les dit à quelqu’un d’autre. Mais que si on en a vraiment très envie, on peut, éventuellement les dire tout seul, bien enfermé dans sa chambre, par exemple. Et qu’en public, on peut les remplacer par autre chose. C’est le moment d’inventer en famille vos propres gros mots, qui seront autorisés ou d’aller les chercher dans le livre de Benoît Marchon et Soledad Bravi, « Gros mots rigolos », chez Bayard Jeunesse. Nul doute que « prout de mammouth » et « tête de toilette » auront leur petit succès…
C’est quoi ce blouson ?
Aujourd’hui, votre enfant rentre de l’école avec un blouson Spider-Man que vous ne lui avez pas acheté. « C’est Nathan qui me l’a donné ! » explique-t-il, tout content. S’il y en a une qui doit être moins contente, c’est la maman dudit Nathan… Autre cas de figure : c’est votre enfant qui a donné sa toupie Beyblade à son meilleur copain. Sauf que maintenant, il s’en mord les doigts. Enfin, il arrive souvent que les enfants fassent des échanges, ton cartable « Raiponce » contre mon bracelet rose fluo, mon chevalier noir contre ta médaille de baptême… Sans vouloir inhiber leur générosité, il va quand même falloir leur expliquer qu’ils ne peuvent pas tout donner aux copains.
Première chose à faire : rapporter son blouson Spider-Man au généreux Nathan dès le lendemain en expliquant bien aux deux enfants que le geste était très gentil mais qu’un blouson, c’est utile et qu’il y a d’autres moyens de se manifester de l’amitié. Procédez de la même manière dans le cas d’un échange. Quant aux cadeaux faits par votre enfant, essayez d’abord d’en savoir plus. A-t-il vraiment offert sa toupie adorée à cet Arthur, dont vous n’aviez jamais entendu parler jusque-là ? S’il finit par vous avouer qu’Arthur a beaucoup insisté, voire l’a menacé, il va falloir en parler à la maîtresse et aux parents d’Arthur pour éviter que la situation empire. C’est aussi l’occasion d’expliquer à votre enfant que ses jouets doivent rester à la maison et que, s’il veut les montrer aux copains, il peut toujours les inviter…
Trois questions à Frédérique Trier
Directrice de l’Ecole des parents et des éducateurs (EPE) des Bouches-du-Rhône
CM : Comment l’influence de l’école sur l’enfant se traduit-elle ?
FT : On la remarque à plusieurs niveaux, à commencer par le vocabulaire qui s’enrichit parfois de mots inattendus ! Certains objets de consommation prennent tout à coup une importance inédite. On voit aussi les enfants rejouer certaines scènes vécues à l’école qui les ont marqués, une remontrance de la part de l’enseignant, un moment joyeux à la cantine, une activité qui leur a plu…
CM : Les enfants sont souvent discrets sur leur vie à l’école. Comment les inciter à en dire un peu plus ?
FT : Leur racontons-nous notre journée ? Il faut commencer par là. Et puis ils peuvent nous parler de l’école de manière indirecte, dans leurs jeux, mais aussi par des manifestations physiologiques : l’enfant qui a systématiquement mal au ventre la veille de la rentrée, qui se remet à faire pipi au lit… Quand l’enfant ne dit rien, on peut s’interroger sur l’ouverture de la famille vis-à-vis de l’école et vice-versa. Il y a souvent de la méconnaissance, de l’incompréhension voire de l’opposition entre l’une et l’autre.
CM : Il faut faire le lien, certes, mais aussi faire comprendre aux enfants que les règles n’y sont pas les mêmes…
FT : Je crois que les enfants ont cette intelligence de savoir ce qu’il faut faire en fonction de l’endroit où ils se trouvent et des personnes avec qui ils sont. C’est aussi aux parents de faire entendre qu’il y a différentes façons de vivre et de se comporter.