Faut-il avoir peur des vaccins ?

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CM : Vous recommandez de vacciner les enfants contre l’hépatite B mais une certaine psychose s’est installée…  

DF : J’insiste : il faut vacciner tous les nourrissons et les enfants. Le risque de contracter une hépatite B, c’est surtout à partir de l’adolescence mais comme il est très difficile de vacciner les adolescents, il vaut mieux vacciner les enfants, d’autant que le vaccin chez l’enfant est parfaitement bien supporté et qu’il crée une immunité à long terme. Quant à la croyance qui consiste à penser que la vaccination contre l’hépatite B provoquerait la sclérose en plaques, elle est infondée. Je voudrais dire d’abord que, curieusement, c’est un problème qui ne survient qu’en France alors que la couverture vaccinale est de 97 % Espagne, 95 % en Italie et 81 % en Allemagne… Et personne n’a observé cela ailleurs qu’en France. Il est vrai que des adultes ont développé une sclérose en plaques dans les semaines ou dans les mois qui suivaient une vaccination. Du coup, ces gens sont persuadés que le vaccin est responsable. Mais aucune étude ne le confirme. Ce qui s’est passé en France, c’est qu’on a vacciné des millions d’adultes jeunes, d’ailleurs hors recommandation puisque l’on n’a jamais recommandé de vacciner les adultes, sauf les adultes à risques. Mais le fait est qu’en France, il y a eu une forte demande sur ce vaccin lorsqu’il a été mis en place et des millions d’adultes ont été vaccinés justement à l’âge où apparaît la sclérose en plaques qui est, je le rappelle, une maladie fréquente. Mais il n’y a aucune démonstration d’une relation de cause à effet entre le vaccin et la maladie.

Les nouveaux vaccins

CM : Et qu’en est-il des nouveaux vaccins sur lesquels on a moins de recul comme le vaccin contre le papillomavirus… Y a-t-il des raisons de s’en méfier ?

DF : Effectivement, c’est un vaccin récent et, par le fait, on n’a pas encore de recul. Mais il faut savoir que lorsqu’on lance un programme de vaccination, on met en place en même temps des outils pour une surveillance épidémiologique de la maladie et un programme de pharmacovigilance de façon à dépister le plus rapidement possible des effets secondaires rares qui ne seraient pas apparus dans les essais cliniques qui ont précédé la mise à disposition du vaccin. En amont, les essais cliniques portent sur des dizaines de milliers de sujets, sur des populations animales d’abord, puis humaines, hommes, femmes et enfants qui reçoivent le vaccin avec des modalités de surveillance extrêmement précises et d’évaluation de l’efficacité et de la tolérance. Et il faut savoir que les exigences en matière de tolérance sont très élevées actuellement. Les vaccins rotavirus par exemple sont commercialisés par deux firmes. Chacune a fait faire des études qui portaient sur plus de 50 000 enfants. Pour le papillomavirus, les essais portent sur des milliers de femmes. Malgré tout, ce dispositif ne permet pas de dépister un effet secondaire rare qui n’apparaîtra, le cas échéant, que lorsque la vaccination sera généralisée. C’est la raison pour laquelle, lorsqu’on met en place une vaccination, et c’est le cas pour le papillomavirus, il y a un programme de pharmacovigilance très lourd qui accompagne la mise sur le marché.

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