La Société Française de Dermatologie (SFD) et la Haute Autorité de Santé mettent à jour les recommandations concernant les traitements anti-acné.14377Les recommandations datant de 2007 ont donc été mises à jour aux vues des mésusages et des inquiétudes concernant les pilules types Diane 35® et les traitements à base d’isotrétinoïne type Roaccutane®. La Haute Autorité de santé a également redéfini les différents stades de l’acné pour attribuer à chacun un traitement préférentiel.
L’acné, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une pathologie cutanée chronique très fréquente, qui apparaît lors de modifications hormonales. Elle est donc fréquente chez les adolescents et les jeunes adultes. Selon la HAS, « L’acné concerne : plus de 3 adolescents sur 4 (selon les études, entre 75 et 95 %) et entre 25 et 58 ans, 12% des femmes et 3% des hommes. Dans 20% des cas, il s’agit d’une acné modérée à très sévère. »
Les différents stades de l’acné
Dans son dernier rapport, la HAS en accord avec la SFD, définit les six stades de l’acné.
Stade 0, pas de lésion : une pigmentation résiduelle et des rougeurs (érythèmes) peuvent être présentes.
Stade 1, pratiquement pas de lésion : rares points noirs ou blancs (comédons) dispersés et rares « boutons » non purulents (papules).
Stade 2, acné légère : moins de la moitié du visage est atteinte. Quelques points noirs ou blancs (comédons) et quelques « boutons » (papulo-pustules).
Stade 3, acné moyenne : plus de la moitié de la surface du visage est atteinte Nombreux « boutons » (papulo-pustules) et points noirs ou blancs (comédons). Un « bouton » de plus grande taille ancré sous la peau (nodule) peut être présent.
Stade 4, acné sévère : tout le visage est atteint. Il est couvert de nombreuses lésions (papulo-pustules), avec des points noirs ou blancs (comédons) et de rares « boutons » de plus grande taille ancrés sous la peau (nodules).
Stade 5, acné très sévère : acné très inflammatoire recouvrant le visage avec des « boutons » de plus grande taille ancrés sous la peau (nodules).
Quel traitement privilégier ?
Les stades 0 et 1 ne nécessitent pas de traitement. On commence à envisager un traitement particulier à partir de l’acné légère en fonction de la sévérité de la pathologie, du risque de cicatrices et du retentissement psychosocial, si l’acné porte atteinte à la qualité de vie ou si elle a des répercussions sur les relations avec les autres.
Quel que soit le stade d’acné, le traitement local à base de crème et de gel sera proposé en première intention, car il est le moins invasif. En cas d’échec au bout de 3 mois de traitement bien suivi, le dosage des crèmes pourra être augmenté ou complété d’un traitement antibiotique. En cas d’échec de ces traitements, il pourra être proposé aux patients souffrant d’acné moyenne à très sévère, un traitement à base d’isotrétinoïne (plus connue sous l’un de ses anciens noms de commercialisation Roaccutane®). L’isotrétinoïne n’est proposée qu’en troisième intention, c’est-à-dire après l’échec de deux traitements car il s’agit d’un traitement lourd qui comporte de nombreux effets indésirables.
L’usage d’isotrétinoïne est interdit aux femmes enceintes car il provoque des malformations graves pour le fœtus. Lorsqu’un traitement est envisagé chez une femme, elle ne doit en aucun cas débuter une grossesse pendant toute la durée de ce traitement et durant le mois qui suit son arrêt. Il sera demandé à la patiente d’utiliser une méthode de contraception efficace et de faire un test de grossesse avant de commencer la prise d’isotrétinoïne et chaque mois tout au long du traitement, puis 5 semaines après son arrêt. Les différentes étapes de contrôles sont répertoriées dans un carnet confié au médecin prescripteur. Cette molécule est également suspectée d’augmenter le risque dépressif chez certains patients, les patients sont tenus d’informer leur médecin de tous les éventuels antécédents personnels et familiaux de troubles psychologiques et psychiatriques.
Et la pilule ? Les pilules contraceptives peuvent avoir un effet bénéfique sur l’acné, mais la HAS rappelle que « on ne peut prescrire un contraceptif à une femme qui n’a pas besoin de contraception ou besoin de ce type de contraception. »
Dans le cas où la patiente envisage une contraception de ce type, cela doit être fait en accord avec son gynécologue. La HAS rappelle également que les pilules de 1ère et 2ème génération doivent être prescrites en première intention, et celles de 3ème ou 4ème génération en deuxième intention uniquement, compte tenu du risque accru de maladie thromboembolique veineuse.
Concernant Diane 35® et ses génériques, il s’agit de médicaments prescrits pour traiter l’acné modérée à sévère uniquement si la patiente souffre d’un dérèglement hormonal ou d’hirsutisme. Ces traitements sont également contraceptifs, mais ils ne peuvent pas être utilisés en première intention, ni pour l’acné, ni pour la contraception. Compte tenu des risques vasculaires que représentent ces traitements, leur prise doit être impérativement encadrée par un gynécologue. De plus, ils ne peuvent pas être combinés avec l’isotrétinoïne.